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Au bonheur des dames Résidence ciné-concert (session 2)


  • Le Grand Sault Le Cler, Hameau de la loge Sault, Provence-Alpes-Côte d'Azur, 84390 France (map)

Guigou Chenevier poursuit son travail de création autour du film de Julien Duvivier tiré du roman éponyme d’Emile Zola

DU CINE-CONCERT COMME PRATIQUE MUSICALE 

L'accompagnement musical sur des films muets est un exercice aussi vieux que l'histoire du cinéma.

Dès que les premiers films muets virent le jour au milieu des années 1890, ils furent tout de suite accompagnés par des pianistes improvisateurs. A cela, il y eut au départ une raison tout à fait prosaïque : couvrir le bruit des projecteurs.

Les premiers films de l'histoire du cinéma, qu'il s'agisse de ceux de Thomas Edison ou des frères Lumière étaient souvent très courts (pas plus de quelques minutes en général) mais le bruit des projecteurs était alors si fort en effet que pour faire diversion les réalisateurs eurent tout de suite l'idée de demander à des musiciens de les accompagner musicalement

Cent trente ans plus tard, la technologie du cinéma n'a plus rien de commun avec ce que connurent les pionniers du cinéma. Mais l'accompagnement musical sur des films muets (discipline autrement connue sous le terme générique de « ciné-concert ») a retrouvé un regain d'intérêt pour les musiciens et un sens nouveau depuis quelques années.

Il ne s'agit plus de palier une technologie balbutiante, mais surtout de revisiter des classiques du cinéma souvent tombés dans l'oubli. Par la création musicale, de leur apporter un éclairage neuf. Et de fait, les images d'un film constituent à elles seules une formidable partition pour un musicien. Elles génèrent des pistes de parti-pris musicaux. L'exercice est toujours passionnant. Car il faut trouver le subtil équilibre entre servir un film et son histoire et se permettre aussi des digressions possibles, les seconds degrés, les contre-pieds.

Ne pas tomber dans l'illustratif mais au contraire emmener le film à des endroits ou le réalisateur n'aurait pas forcément imaginé l'emmener. Ça s'appelle l'interprétation. C'est ce qui est passionnant dans l'exercice du « ciné-concert » : vérifier le pouvoir de la musique sur les images. Où plus exactement vérifier à quel point la musique peut influer sur le sens d'une histoire, d'une séquence cinématographique. La musique dans ce cas-là est aussi importante que les « cartons » et leurs textes ou dialogues explicatifs. La musique dialogue avec les images.

Guigou Chenevier 02.01.2024